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19/10/2005

Chroniques aléatoires

Georges BESS
BD
Casterman
280 p. / 15, 75 ∈

Grand bourlingueur du carton à dessins devant l’éternel, Georges Bess a décidé de confier chaque jour à cet album ventripotent (près de 300 pages) une courte chronique dessinée. Ladite chronique se trouve sur la page de droite, toujours. Elle met en scène l’auteur : quadragénaire au look tranquille (jeans, cheveux longs, bouc) mais au visage préoccupé. Seul dans un univers qui se réduit à un rivage borné par de hautes falaises et des étendues pierreuses immenses. C’est dans cet univers que l’auteur, représenté dans des poses tant hétéroclites qu’expressives avec une maestria qui rendra jaloux tous les étudiants des Beaux Arts, l’auteur, donc, se promène en méditant. Ses méditations passent en revue diverses questions métaphysiques et on pourrait les prendre au sérieux si la dérision ne rôdait pas tout près. Sans vraiment écraser la planche, sans tourner le propos en ridicule, mais apportant un recul salutaire à ces méditations de promeneur solitaire. C’est un humour du décalage et de l’incongru, avec une pointe de poésie, plus ou moins sensible selon l’humeur du moment, comme dans cette chronique où il dessine sur les arbres, sur les vagues, sur l’air… ou comme cette autre où il se représente en Chinois (ah, magie du dessin !) pour voir comment ça fait d’adopter, l’espace de quelques cases, une autre vision du monde.
Sur la page de gauche, tel un décor qui accompagnerait chaque chronique, ce sont des paysages crayonnés. Paysages de bords de mer, statiques, désolés… jusqu’à un certain point. Car parfois les ingrédients du paysage se mettent à bouger : les pierres s’envolent, deviennent des oiseaux, les nuages deviennent des poissons, et les poissons des nuages. Tout ceci graduellement, au fil des pages que l’on tourne, un peu comme dans ces carnets qui, feuilletés rapidement, produisent l’impression d’un dessin animé.
Au final, même si l’auteur ne parvient pas à nous captiver jusqu’au bout (sans doute ce livre aurait-il gagné à être élagué, pour ne conserver que les meilleures chroniques) il reste quelque chose de cette lecture : on a pris un grand bol d’air, un recul salutaire face aux « grandes » et « petites » questions existentielles, et surtout, on a assisté à une magistrale leçon de dessin.

23:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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