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14/11/2005

M et les choses

M n'avait jamais été bien gros, mais depuis qu'il perdait ses os ça n'arrangeait pas les choses. Fémur, tibia, côtes, jour après jour son calcaire dégringolait à toutes bielles.
Le vieux monsieur du sixième l'avait bien dépanné d'un métatarse encore utilisable ainsi que de trois ou quatre phalanges en bon état, lui recommandant : "Tiens, tu en auras plus besoin que moi. Tu es jeune." Et c'est vrai qu'il était jeune, M ; vingt-six ans, c'est tôt pour perdre ses os. Hélas, avec toutes ces choses dans l'air, dans la terre et dans l'eau, on perdait beaucoup plus qu'on ne gagnait.
Un soir qu'il se déplaçait avec grand peine, claudiquant à qui mieux mieux, M trouva encore le moyen de perdre une épaule. Alors il demeura sur place, comme recueilli auprès de sa dernière pièce détachée. Par caprice. Pour faire voir aux autres.
Mais nul ne le remarqua ; tous avaient perdu la vue.


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(extrait de "Embolies d'une gomme", éd. derrière la salle de bains, 1998
premières publications en revues : Grèges n°4, Courants d'ombres n°5)

09:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (14)

Commentaires

J'aime beaucoup beaucoup !

Écrit par : Calou | 14/11/2005

Ravi ravi !
Sinon, tout va comme tu veux, Calou ?

Écrit par : Roland Fuentès | 14/11/2005

Petite forme, petite heure de footing au trot... mais pour un décrassage, on va s'en contenter, ça vide la tête et chasse les toxines.
Loupiote qui s'éclaire ce soir: anniversaire de mariage. On ne compte plus les années on les vit au mieux. Pars faire les courses pour me mettre aux fourneaux.
Bisous de Calou

Écrit par : Calou | 14/11/2005

Alors bon anniversaire (dis, tu peux avouer si ça fait 60 ans, ce qui importe c'est d'être jeune dans la tête...).
Moi c'est à la piscine que je file me décrasser. Deux jours le cul sur une chaise derrière un stand place Bellecour, même quand on rencontre des tas de gens sympas, c'est très mauvais pour la santé.

Écrit par : Roland Fuentès | 14/11/2005

Je suis encore loin des 60 ans, plutôt près du quart de siècle mais pour être précise, faudrait que je compte, je ne compte jamais.
La piscine, j'aimerais bien mais elle a disparu. Avant on avait un truc du genre aquaboulevard comme aux Lecques (tu vois?) avec sports intégrés (on jouait au squash dès qu'on pouvait), mais faillite, alors reste la course. C'est pas que ça me plaise, loin de là, mais faut bien s'entretenir. Puis, au moins, c'est une fatigue saine.

Écrit par : Calou | 14/11/2005

Jamais allé à l'Aquaboulevard mais je vois ce que c'est (mon truc, c'est les calanques, tu me sortiras pas de là, sauf si vraiment mes filles un jour m'attachent et m'y emmènent de force dans le coffre de la bagnole...).
Là, je viens de rajouter de la fatigue saine à de la fatigue malsaine en espérant que la première diluera la seconde et que je pourrai dormir ce soir.

Écrit par : Roland Fuentès | 14/11/2005

Tu feras comme tout le monde et tu suivras... moi je les ai déposé devant et suis repartie :-).
Et ici, pour trouver des calanques, faut se lever de bonne heure!

Écrit par : Calou | 14/11/2005

C'est sûr, jamais entendu parler des calanques de Paris.

Écrit par : Roland Fuentès | 14/11/2005

Pour en revenir au texte loufoque du dessus, en voici un autre du grand Benni :


Les bars les plus étranges du monde

Le bar le plus réservé du monde est sans aucun doute Le Deubôr de Cape Ice, sur les glaces de l'Arctique. Le propriétaire n'accepte pas les Méridionaux, mais comme Cape Ice est pratiquement à deux pas du pôle Nord, chaque client qui entre vient donc du sud, et se trouve à la porte. A Cape Ice, outre le propriétaire du bar, ne vivent que deux autres habitants. L'un est dans un fauteuil roulant (et Le Deubôr n'accepte pas les handicapés). L'autre est un Esquimau (et Le Deubôr ne sert que les Blancs).
Le propriétaire passe donc son temps à préparer un cocktail qu'il est contraint de boire lui-même, car il ne peut le servir à personne. A la longue, il est devenu totalement alcoolique; un jour enfin, après avoir suspendu à la porte du bar l'inscription "on ne sert pas les ivrognes", il s'est enfermé à l'extérieur et est mort gelé.

Extrait de Bar 2000, Babel 2002, Stefano Benni

Écrit par : Calou | 14/11/2005

Pas mal. C'est pas lui qui a écrit "Le bar sous la mer ?"

Écrit par : Roland Fuentès | 14/11/2005

Si, c'est lui. C'est le livre qui devrait te plaire le plus dans le genre dérive fantastique (le bar sous la mer). Mais celui-là est très drôle (même si mon exemple n'est pas forcément rigolo, quoique...)

Écrit par : Calou | 14/11/2005

Quelqu'un nous a lu un extrait du Bar sous la mer, la dernière fois, au Bémol 13 (le bar littéraire de Bourg-Plage).
Ça avait l'air sympa, en effet. Une histoire de Diable qui revient régulièrement dans ce bar, je crois, et auquel des serveurs bien déjantés servent des recettes extraordinaires (je ne goûterais pas à toutes, mais elles sortent de l'ordinaire, ça oui...).

Écrit par : Roland Fuentès | 14/11/2005

J'ai vraiment beaucoup aimé un bar sous la mer. Fin, étrange, bien écrit et avec humour.

Bar 2000 c'est toujours aussi bizarre mais beaucoup plus amusant. Moins littéraire assurément, mais il fait du bien.

Écrit par : Calou | 14/11/2005

Bon, décidément tu m'as convaincu d'aller voir Benni de plus près. Une fois que j'aurai un peu decendue cette pile de livres à lire qui me fait les gros yeux, qui s'élève inexorablement malgré tous mes efforts pour la faire diminuer, et menace chaque jour de s'effondrer si je ne lis pas plus vite.

Écrit par : Roland Fuentès | 14/11/2005

Les commentaires sont fermés.