30/09/2006
LE SYNDICAT DES PAUVRES TYPES
Eric Faye
éd. Stock
Roman
213 p. / 16, 50 euros
« Le syndicat des pauvres types » est la version longue d’une nouvelle parue en 2005 dans le recueil « Un clown s’est échappé du cirque » (éd. José Corti), alors intitulée « Monsieur tout le monde ». C’est l’histoire d’Antoine Blin, le plus parfait prototype d’individu moyen, auquel la majeure partie de la société pourrait s’identifier. C’est du moins ce qu’a découvert un certain Denner. De but en blanc, celui-ci propose à Blin d’adhérer au Syndicat des pauvres types, un groupuscule d’activistes dont l'objectif, philanthropique s’il en est, serait de réhabiliter ceux que l’on nomme « ploucs, péquenots, pauvres types, pedzouilles », ces éternels perdants que la logique de notre société s’emploie à diaboliser, créant un cauchemar, celui de devoir un jour leur ressembler, et une illusion en exacerbant le rêve de fortune et de réussite, de succès, de notoriété. Problème : Denner n’est pas le seul à avoir découvert Blin. Les organisateurs d’une émission de télé-réalité aussi, qui ont compris que la banalité pouvait rapporter gros en terme d'audience.
L’écriture d’Eric Faye, tout en conservant son potentiel d’inventivité et son exigence, est différente dans ce livre : les phrases sont plus courtes dans l’ensemble, l’humour, façon ironie explosive, est omniprésent. Cet auteur confirme son énorme talent, et prouve en restant fidèle à ses thèmes de prédilection et à ses ambiances favorites qu’il est capable de relever de nouveaux défis littéraires.
Si j’avais lu les 650 romans de la rentrée, je vous dirais peut-être que celui-ci compte parmi les tout meilleurs, mais comme je n’en ai lu que quelques uns, je dirai simplement que c’est mon préféré… parmi ceux que j’ai lus.
13:45 | Lien permanent | Commentaires (3)
20/09/2006
PLUS QUE 10 JOURS !
CONCOURS DE BD SALMIGONDIS
SALMIGONDIS, revue littéraire et artistique, organise un concours de Bandes Dessinées. La date limite de participation est fixée au 30 septembre 2006.
Le thème est libre.
Deux catégories seront représentées : de 1 à 2 pages et de 3 à 8 pages. Il est possible de participer dans les deux catégories.
Chaque BD sera expédiée aux organisateurs en deux exemplaires. Ceux-ci ne porteront nulle mention révélant l'identité de leur auteur. L'envoi sera accompagné d'une enveloppe fermée contenant les coordonnées du participant (nom, prénom, adresse). L'identité des gagnants ne sera révélée qu'après les délibérations du jury.
La participation est fixée à un montant de 10 euros , payables par chèque à l'ordre de SALMIGONDIS .
(Les concurrents désirant participer dans les deux catégories ne paieront qu'une seule fois.)
Les deux premières BD de chaque catégorie seront publiées dans SALMIGONDIS. Leurs auteurs gagneront un abonnement de 4 n° à la revue, ainsi que la somme de 100 euros (1er), 50 euros (2ème).
Les envois seront expédiés ci-dessous:
SALMIGONDIS - Concours de BD, Cuisiat, 01370 TREFFORT-CUISIAT
ou
SALMIGONDIS - Concours de BD, 28 rue du Château Vert, 13710 FUVEAU
Chaque participant recevra le numéro contenant les BD primées.
09:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
13/09/2006
RETOURS À ALGER
Jacques Ferrandez
Casterman
Carnet de voyages
80 p. / 19, 50 euros
Voici un nouveau Ferrandez, dans le genre qui lui réussit le mieux : le carnet de voyages. Et ce carnet-ci est à classer parmi ses tout meilleurs. Cet aquarelliste hors pair qui réussit à faire sentir l’épaisseur de l’air lorsque la lumière du sud le traverse, et laisse sa patte inimittable sur les plus anodins détails d'un paysage, ce narrateur qui est parvenu à faire revivre en une fresque colorée l’Algérie des différentes communautés dans le premier cycle de ses Carnets d’Orient, revient en force avec un ouvrage élaboré à partir de plusieurs voyages, plusieurs « retours » qu’il a effectués à Alger.
Le terme de « retours » est à prendre ici au sens large, puisque cet enfant de pieds noirs qui a grandi en France, et qui avait surtout utilisé la documentation pour travailler au premier cycle des Carnets d’Orient, n’est revenu qu’ensuite sur le sol de ses ancêtres. Il y est revenu à plusieurs reprises, et il a connu des Algériens d’aujourd’hui, des hommes et des femmes du présent, d’un présent qui change et qui pourtant rappelle des époques anciennes, pour le poids de passé que chaque événement nouveau traîne avec lui… On rencontre des personnages touchants, comme ce fameux Momo de la Casbah, déjà rencontré dans les Carnets d’Orient. On croise l'écrivain Rachid Mimouni, dont Ferrandez illustre ici un texte dédié à la Casbah. On croise des silhouettes, furtives, des visages fixés sur le papier avec leur part d’ombre et de lumière.
Le type de narration propre au carnet de voyages convient parfaitement à cet auteur, peut-être encore plus que la BD : ce mélange de naïveté et d’observation précise que l’on peut distiller dans l’écriture d’un carnet, cette gamme d’émotions qui lui sont propres et qu’il serait difficile à mettre en scène autrement, constituent peut-être ce que Ferrandez manie le mieux, après son aquarelle. Dans les deux mini bandes dessinées insérées à l’ouvrage – elles-mêmes adoptant le type de narration du journal intime, on sent la tension des dix années de terrorisme, et toute la détresse de l’auteur face au drame, face au destin brisé de millions de personnes. Et on comprend que le carnet, pour Ferrandez, est un moyen de rendre hommage à ce qu’il y a de mieux dans l’homme, un moyen de fixer sur le papier la beauté de ces caractères contrastés, espérant jusqu’au bout que les choses s’amélioreront, et éclaboussant la page d’ombres et de couleurs.
23:10 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)