01/11/2005
Chroniques express 2
LE MOCHE ET LA MOUCHE
Bernard Chatelet
éd. Mutine
roman
171 p. / 12 euros
Après une vie tristounette, déçu par les dérobades et le mépris de Nathalie, qu’il aime depuis les bancs de l’école primaire, Bernard Taboulet décide de se suicider. Mais une mouche apparaît dans le garage où il comptait mettre en scène son départ – le garage de ce pavillon payé laborieusement où il aurait voulu écouler son existence avec sa belle. Effrayé à l’idée que la mouche appartienne à l’espèce des nécrophages, et qu’elle enlaidisse encore son visage après sa mort, Taboulet hésite. Peu à peu, tandis que la grève des postes bloque la lettre d’adieu envoyée à Nathalie et retarde le déroulement de son plan macabre, il raconte à la mouche sa pauvre vie.
Mélange de loufoque et de désespoir, ce huitième ouvrage de Bernard Chatelet nous tient en haleine jusqu’au bout, en empruntant divers parcours narratifs (dont celui, très réussi, de la mouche).
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Chroniques express 1
Pas le temps de plancher sur des chroniques grandeur nature. Alors voici, en quelques lignes, mes derniers coups de cœur en littérature et en BD.
UNE VIE NULLE PART
John Burnside
Ed. Métailié
425 p. / 22 euros
La vie de plusieurs familles pauvres dans une ville industrielle d’Angleterre durant les années 70-80. Les points de vue des différents personnages sont rendus magistralement. Pour résumer très sommairement : il y a ceux qui s’efforcent de rentrer dans le moule, ou d’appartenir à un clan (et leurs raisons ne sont pas inintéressantes), et il y a ceux qui tentent de sortir du moule, pour partir à la recherche d’eux-même, pour retrouver une vérité, une nature enfouie sous la couche sale d’un quotidien violent et laborieux. Ceux-là récoltent au mieux l’incompréhension, au pire la haine aveugle.
L’écriture très poétique et la phrase ample mais vigoureuse de Burnside atténuent la noirceur de cette chronique sociale. Une histoire très riche, et à la construction originale.
SHELENA
René Follet / Jéromine Pasteur
BD
Casterman
64 p. / 13, 75 euros
Adaptation en BD du roman de Jéromine Pasteur. Dessin en couleurs directes très réussi, beaucoup d’expressivité. Mise en page aérée et vigoureuse. L’histoire pourrait être intéressante : à Panama, depuis la fin du 19ème siècle, une malédiction poursuit une famille ; cela conduira l’aïeule, la chef du clan, à s’exiler sur une côte sauvage. Elle y fondera un village, attentive toute sa vie à détourner la malédiction, au risque de se montrer impitoyable, et de brider les désirs de ses descendants.
Hélas, l’adaptation sent le résumé : le rythme, enlevé et surprenant au début, devient accumulation de péripéties ; on n’a plus le temps de s’attacher aux personnages, les générations défilent de plus en plus vite et lorsqu’arrive la fin, on se rend compte qu’on a décroché. Dommage.
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