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29/06/2005

La Bresse dans les pédales (extrait)

J’ai zigzagué entre les champs, sur des chemins pas vraiment larges. Entendu de grands souffles dans l’obscurité. Prié pour que ce soit seulement des vaches. Par moments, la basse-cour céleste donnait de la voix. J’ai hésité : filer vers Montrevel ou garder le cap de Curtafond. Hésiter, ça fait passer le temps, mais ça peut pas durer indéfiniment. J’ai choisi Curtafond, parce que c’est plus petit. Montrevel, c’est déjà de l’agglomération, avec des feux rouges, des vitrines, des carrefours et très certainement encore du piéton sur la chaussée. Je me sentais pas tellement sociable à ce moment-là. A Curtafond, je disposerais de quelques réverbères, d'un sol correctement aplani, mais je n’aurais de compte à rendre à personne.
Sans oublier que les taches sur mon T-shirt, ça risquait d’attirer le curieux.

Je repasse de l’autre côté de l’autoroute par un pont identique au précédent. Sur les deux rives : bosquets grassouillets et pâturages. Pas l’ombre d’une chaumière en vue. A cette heure-ci, l’autoroute est complètement déserte. Rien qu’une étendue noire, un grand souffle froid. C’est là, sous vos pieds, ça vous regarde avec un air lugubre, et surtout ça dit rien. Rien de rien.
Vue de nuit du haut d’un pont, une autoroute, ça sert qu’à vous refiler la pétoche.
Difficile de vous expliquer ce que je cherchais. Surtout quand je l’ignore moi-même. Je sais pas si vous connaissez ça, cette impression de ne pas être seul dans sa tête. En surface, il y a une envie bien nette, par exemple celle de rester peinard avec la bécane de l’oncle Simon et le vent dans les oreilles jusqu’au bout de la nuit. Mais en arrière plan, dans l’ombre de cette envie, il y aussi ce besoin d’être rassuré par une présence humaine, de se sentir en osmose avec un zeste de société. Parce que la nuit souvent s’y prend à merveille pour vous donner des sueurs froides.

16:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (11)

Commentaires

"Parce que la nuit souvent s’y prend à merveille pour vous donner des sueurs froides. "

Sous ta plume en effet on s'attend à tout, surtout à minuit.
La suite, la suite !!!

Écrit par : Calou | 30/06/2005

Oui, Une autre! une autre! Celle d'avant était mauvaise!

Écrit par : Ray | 30/06/2005

Eh Roland y a un marrant (forcément) qui prend mon nom sur ton blog dans les commentaires, alors quand ce sera moi (le vrai) je ferai le lien sur mon blog, comme ça on saura

Écrit par : Ray | 30/06/2005

Un message pour le Ray qui n'est pas Raymond Alcovère :
l'extrait que j'ai publié là, c'est vraiment mon tout meilleur. J'ai bossé sur ces quelques lignes pendant deux ans, huit mois, vingt-six jours, quinze heures, dix minutes, trente-huit secondes et quarante-trois centièmes (je vous fais grâce des millièmes, malgré qu'ils soient importants pour moi...). Ce que je veux dire c'est que pour écrire cet extrait, j'ai vraiment mis tout ce que j'avais. Je peux pas faire mieux. Alors franchement, faux Ray, si elles sont mauvaises, c'est que je suis vraiment un nullos. Bou-hou !

Écrit par : Roland Fuentès | 30/06/2005

Hé tu vas pas nous faire une crise à cause d'un abruti (se faire passer pour moi faut être con ! Déjà être moi pour de vrai... bon enfin bref...) pour dire qu'en effet c'est du meilleur ton extrait, y a du rythme, tchac tchac boum, poum poum tchac, quel souffle, tu le tiens jusqu'au bout comme ça ?

Écrit par : Ray | 30/06/2005

Tiens je relisais tout à l'heure "lignes de fuite", que j'aime beaucoup, ça fait plusieurs fois que je la relis, je n'ai pas toujours compris vraiment ce qui se passait, mais ça me plaît de la relire, il y a vraiment un climat, un univers fascinant, et puis je me dis que peut-être un jour je comprendrai... Apparemment le "simplicius simplicissimus" est une oeuvre importante de la littérature allemande, et c'est amusant la citation que tu fais : "rien n'est plus constant que l'inconstance" : c'est un des principes fondamentaux du taoisme, ce qui tendrait à confirmer l'influence orientale sur le baroque, qu'en penses-tu ? Sinon (si tu es d'accord bien sûr) je mettrais bien ta nouvelle sur mon blog, mais en plusieurs parties peut-être (3), c'est ce que je fais en général, les nouvelles je les découpe (sur plusieurs jours consécutifs), as you like

Écrit par : Ray | 30/06/2005

??

Écrit par : Ray | 30/06/2005

Ne t'impatiente donc point, ami Ray. Je suis pas tout le temps rivé à mon ordi ! Je travaille, pardi ! Et parfois ça me ramène très tard à la maison. En fin d'année scolaire (puisque je suis quand même prof à mi-temps, faute d'écrire des best-sellers), il y a les pots de départs à la retraite, tout ça, et ce genre de chose, ça peut mener assez tard (quand je dis que c'est du boulot !)
Pour reproduire "Lignes de fuite" sur ton blog, ce sera avec plaisir. Coupe la en morceaux si tu veux, oui, ça lui fera les pieds !
Il n'est pas nécessaire de connaitre Grimmelshausen pour comprendre ce texte, même si je t'en conseille vivement la lecture. "Les aventures de Simplicissimus", ou "Simplicissimus l'aventurier", selon les traductions. Un ouvrage disponible en français chez divers éditeurs (Actes Sud, Aubier, etc...). Si on aime les romans picaresques espagnols, on ne pourra qu'apprécier celui-ci, qui est leur pendant germanique.
NB : Du baroque, je n'aime pas forcément tout, loin de là, mais ce roman oui, je l'adore.

Écrit par : Roland Fuentès | 30/06/2005

Ben je m'impatiente pas, le message "??" c'était pas moi, le p'tit malin écrit même mon adresse blog, bon ! Je comprends les pots de départ à la retraite, ça c'est des grands moments, je dirai même c'est LE grand moment, celui où le plus de choses sont dites, éprouvées, ressenties, là où il y a le plus de choses à engranger pour un écrivain non ?

Écrit par : Ray | 01/07/2005

Oh, des choses à engranger... J'ai bien bu quelques gorgées de blanc, au début, mais pas trop parce qu'après j'avais de la route.
Pour ce qui est des idées, de l'inspiration, c'est pas ça le pus dur. Des idées, tout le monde en a, les écrivains pas plus que les autres. Ce qui est dur, c'est d'en faire quelque chose de littéraire. C'est de se coltiner les phrases, c'est ce corps à corps avec les mots pour les plier à notre volonté qui demande du boulot. Mais ça, si tu es bel et bien le véritable Ray, le véritable auteur de "Strongyle" (texte admirable, je le répète), tu le sais aussi bien que moi.

Écrit par : Roland Fuentès | 01/07/2005

"Plus j'écris, plus je vois" a écrit celui que tout le monde déteste, P Sollers ; le plus étonnant dans cette histoire d'écriture, c'est le processus que ça déclenche, intérieur, et ce processus entraîne une autre façon de regarder, de voir, mais en effet au début, il y a ce corps à corps, l'expression est bien trouvée, et c'est bien ce qui dérange le plus d'ailleurs les corps...

Écrit par : Ray | 01/07/2005

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