17/09/2007
FICTION n°6
Un autre texte de Theodor Storm, traduit par mes (petits) soins, vient de paraître dans le n° 6 de FICTION.
Il s'intitule "La maison de Bulemann". L'histoire d'un vieil avare mysanthrope, enfermé dans sa maison à l'écart de tout le monde, mais avec ses chats, ses chats qui deviennent de plus en plus gros...
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12/09/2007
LE FILS DU MARIN
Vient de paraître. Un très beau récit sur le thème du conflit père/fils (je peux en dire du bien à mon aise, je n'en suis que le traducteur...).
Quatrième de couverture :
Hans Kirch restait assis à son pupitre, silencieux et immobile ; mais dans son cerveau les pensées l'assourdissaient. Son bateau, un grenier, tout ce qu'il avait mis des années à acquérir si durement remontait devant ses yeux et s'ajoutait à la somme colossale des efforts accomplis. Et c'est tout cela qu'il devrait abandonner à ce... Il n'acheva pas sa pensée. Sa tête était en feu, ses oreilles bourdonnaient.
- Gueux ! cria-t-il soudain. Ce n'est pas comme cela que tu reviendras dans la maison de ton père !
Dans une petite ville au bord de la mer Baltique, où, pour mériter les honneurs de la cité, les fils de famille se vouaient corps et âme au commerce et à la navigation, Hans Adam Kirch, d'origine modeste, s'était hissé au rang de propriétaire d'un véritable navire. Avec la femme qu'il épousa, il eut un fils, Heinz, que ses professeurs s'accordèrent à trouver brillant, quoique d'un tempérament fougueux. Ce que lui-même n'avait pas pu accomplir, pensait Hans, Heinz, lui, ne manquerait pas d'y parvenir...
Le fils du marin, d'après Theodor STORM, traduit de l'allemand par Roland FUENTÈS, éd. syros, coll. Les uns les autres, 10 euros
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30/05/2007
L'ÉCHANGE
VIENT DE PARAÎTRE
roman jeunesse
éd. Syros
coll. Tempo
140 p. / 5, 90 euros
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4ème de couverture :
Maxime sort avec Maroussia, la fille la plus belle, mais aussi la plus odieuse du collège. Au moindre faux pas, Maroussia crie, blâme, griffe avec ses ongles très longs et très durs. Lorsque Maxime s'inscrit au voyage linguistique proposé par son prof d'allemand, la jeune fille, jalouse, lui lance un défi : rapporter le coussin en soie exposé au château de Neuschwanstein... Trajet en car animé, anxiété au moment de l'attribution des familles, impression de ne pas comprendre un mot d'une langue qu'on étudie depuis des mois : le séjour très dépaysant que va vivre Maxime sera pour lui l'occasion rêvée de réfléchir à sa vie amoureuse...
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23/05/2007
BROC'N'BOOK
Dimanche 27 mai 2007
à Journans (01)
à partir de 14 h
"PETITE NUIT" sur Journans
avec les auteurs de "Polars dans l'Ain" parus aux éditions NYKTA
Bernard Chatelet, Mary-Bena Chattfeld, Roland Fuentès, Guillaume Verne, Marie-Ella Stellfeld, Yvon Morel-Lab, Robert Ferraris
Dédicace de leurs livres et lectures
à 15 h, Rencontre-débat animée par Christian Lux
NB : Ces rencontres se dérouleront pendant un vide-grenier de livres, CD, cassettes, DVD, cartes postales, magazines, partitions
Renseignements/Réservations : 04 74 42 21 38 ou bibliothèque de Journans (mer 16h-18h et sam 11h-12h)
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13/05/2007
NUEL LIT ARTAUD ET BOSSUET
Les Mardis d'Isabelle accueillent mardi 15 mai à 20 h :
A & B, une lecture de textes d'Artaud et Bossuet par Jean-Jacques Nuel
35 rue Sainte-Hélène 69002 Lyon
Réservations : 06 63 92 97 23
Participation : 1 euro et une boisson ou un grignotage.
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08/05/2007
LES FAUX SAUNIERS
On pourrait offrir une salière à Mazia. Une pièce en bois, fin XVIIIe, ouvragée à la main.
La scène se déroulerait comme ceci :
Pour nous recevoir, Mazia a transformé son studio minuscule en salle à manger. Nous avons pris place sur des poufs, ou sur des piles de livres. A droite de Mazia, immobile et discret comme une ombre : l’antiquaire. Son amant du moment. A gauche de Mazia, plus proche que le voudraient les convenances : Hugo. Son ami de toujours. Et nous, en face d’eux, nichés dans le peu d’espace restant.
Elle accueille le cadeau avec émotion, le fait jouer dans la lumière, le promène sous notre nez en guise de remerciement, puis elle le pose sur le buffet pour servir le gâteau. Après avoir soufflé les bougies elle parle beaucoup, se trémousse sur sa pile de dictionnaires en adressant à l’objet, du bout des yeux, des promesses de tête à tête.Du champagne bon marché, un café, une mirabelle pour la digestion, puis elle nous expédie tous, y compris l’antiquaire – leur relation demeure une énigme à nos yeux – en prétextant des révisions qui ne peuvent plus attendre.
Enfin seule, Mazia franchit la porte du cagibi où elle range sa collection. Là, elle exhibe la salière devant les vases provençaux et les tessons antiques, les fioles recourbées, les damiers de bois sertis d’ivoire. Elle la dépose là, au milieu d’eux, comme le petit dernier que l’on confie à la crèche avant de filer au boulot.
Au début, pendant plusieurs jours, ou plusieurs semaines parce que Mazia entre ses cours à l’université et son boulot pousse-fin-de-mois chez l’antiquaire est très occupée, la salière assume son statut de pièce anonyme parmi les anonymes. Les couverts, les récipients ouvragés, les cuirs incrustés lui jettent au mieux des oeillades condescendantes. Ils lui signifient clairement que leur maîtresse, ce petit bout de femme brune au visage mangé par deux yeux de porcelaine, n’est pas une fille facile. Une antiquité doit se montrer humble pour conserver son rang dans la collection. On a déjà vu des théières à la morgue importante, des flacons à parfum cultivant un air pincé tomber en disgrâce auprès de Mazia. Aujourd’hui, ces pièces déchues traînent leurs semelles sur quelque foire à la brocante.
Et puis, par hasard, un jour où Mazia contemple ses trésors, la salière attire son attention. Elle la soulève, laisse courir son regard le long des sinuosités du bois, la caresse. De cet instant, la salière n’est plus l’élément rapporté que les autres considèrent de haut. Simplement parce que les yeux de Mazia ont découvert dans l’épaisseur du bois, parce que les ongles de Mazia ont distingué dans le dur du support, parce que la peau de Mazia a perçu sous les rotondités de l’objet quelque chose de lourd, d’immatériel, et qui a sans doute un rapport avec le temps.
--
extrait du roman "LES FAUX SAUNIERS", éd. Nykta 2007
10:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
25/02/2007
Bernard Chatelet à Cannes !
Bernard Chatelet, l'écrivain de Péronnas (01), auteur notamment de T'iras pas cracher sur ma Dombes ! (éd. Nykta), vient de crever l'écran ! Il a obtenu le premier prix du concours national de la nouvelle organisé par le Centre National du Livre et les cinémas d'art et d'essai, pour le texte intitulé Histoire d'image !.
En conséquence de quoi il se verra invité pendant 10 jours au prochain festival de Cannes ; sa nouvelle, quant à elle, sera adaptée à l'écran.
Bravo Bernard !
(On en a déjà parlé ensemble : si tu acceptes Depardieu dans le casting, je te cause plus.)
Mais avant de découvrir le casting et le film adapté de la nouvelle de Bernard Chatelet, je vous propose de lire, justement, ladite nouvelle.
--
HISTOIRE D'IMAGE !
(Bernard Chatelet)
Quand Momo s’est barricadé dans le REX pour repasser La
Strada en boucle, ils ont préféré que ça s’ignore en haut lieu.
Le maire voulait faire intervenir le G.I.G.N mais la commission
culturelle (moi tout seul en réalité) est intervenue et j’ai réussi à
faire comprendre à Berton, que déplacer les super flics juste pour
dégager Momo et la Louisette, c’était engager beaucoup de frais
pour pas grand chose. Sans compter avec l’image de la ville qui
allait encore en prendre un coup !
Je parle de cette affaire maintenant parce qu’il y a prescription,
vu que ça s’est passé l’été dernier pendant la canicule. C’est
sûrement la température qui est à l’origine de la crise d’ailleurs. A
ajouter au fait qu’à ne voir que des films d’Art et d’Essai depuis
dix-huit ans, ça n’a pas dû nous arranger non plus, le Momo et moi.
Pour ce qui est des perturbations, la Louisette, elle avait fait le plein
bien avant l’arrivée des grosses chaleurs.
Ça allait gêner qui que le REX reste fermé au mois d’août avec
Momo et la Louisette enfermés à l’intérieur ? Les instituteurs
étaient en vacances et si vous enlevez les pédagos de la salle Art et
Essai de la ville, vous pouvez passer le balai entre les sièges pendant
la projection sans que personne ne soit obligé de lever les pieds.
Qui aurait idée d’aller voir le Voleur de Bicyclette (c’est le film
qui était programmé la semaine suivante) au mois d’août dans une
salle non climatisée ? Deux ou trois enseignants de passage au
camping de la ville ?
On a posé une affiche sur la porte du cinéma : « Fermé pour
cause de dérangement » et on a réglé l’affaire entre nous.
Berton a réuni une cellule de crise à la Mairie. Au début nous
étions trois, le Maire, monsieur Berton, Drevet de la commission
sécurité et liberté et moi, représentant mademoiselle Meurant,
conservatrice de la Chapelle des Conches et présidente de la
commission culturelle.
Quelques minutes plus tard, sur la demande du Maire, un cadre
des affaires sanitaires est venu se joindre à nous. Quand, portrait
psychologique à l’appui, j’ai expliqué que Monsieur Maurice
(Momo) était sûrement installé dans le REX pour un bon moment,
Berton a immédiatement pensé aux problèmes d’hygiène et de santé.
D’où appel aux compétences du quatrième homme.
Dans le grand bureau, j’étais impressionné car je n’ai pas
l’habitude de discuter avec des notables sous un portrait de Chirac.
J’ai d’abord excusé Mademoiselle Meurant en vacances à la
Roche de Solutré et son adjoint en pèlerinage à Jarnac. J’ai bien vu
que le Maire fronçait les sourcils. Drevet m’a confié en catimini à la
sortie, que le Maire n’était pas content que des gens éminents de la
ville fréquentent ces lieux-là. Il a ajouté que j’avais bien fait de ne
pas lui dire que je partais voir maman à Château-Chinon quand il
m’a demandé où j’allais me rendre moi-même.
Les conversations sont compliquées à ce niveau, on ne sait jamais
ce qu’il faut dire ou ne pas dire.
J’ai trouvé bizarre que Berton ne sache pas comment
fonctionnait le cinéma Art et Essai. La ville est propriétaire de la
salle et la commission culturelle assure la délégation de Mairie. J’ai
essayé d’expliquer comment ça se passait et c’était pas facile car
Berton me coupait la parole sans arrêt.
- Quand une séance est programmée, monsieur le Maire, deux
heures avant la projection, je récupère les clefs au secrétariat de
Mairie et je vais ouvrir la salle où Momo, pardon, Maurice et sa
soeur m’attendent. Le lendemain de la séance, je ramène les clefs à la
Mairie et je...
- Bien, bien…et ce Maurice, m’a demandé le Maire, que
fait-il ?
- Il est projectionniste. Il monte le film dans la cabine de
projection, il installe la bande sur…
- Ouais, bon je sais quand même, ce qu’est un
projectionniste ! Et sa soeur ?
Par réflexe, j’ai failli répondre « Elle bat le beurre » Par
bonheur Drevet est intervenu avant moi. J’étais étonné que Drevet
soit au courant du fonctionnement car je ne l’ai jamais aperçu au
cinéma.
- Elle assure la vente des tickets, monsieur le Maire et à
l’entracte, elle ravitaille la salle en glaces, cornets et…
- Bien, bien et les films ?
Drevet aurait aimé répondre mais visiblement, il ne connaissait
pas la solution. J’ai pu informer le premier magistrat.
- Le jour où je prends les clefs à la Mairie, je passe au
service culturel et l’on me remet l’une des douze bobines que je…
- Douze ?
- Oui, monsieur le Maire, des vieux films en noir et blanc en
alternance depuis dix-huit ans, c’est…
- Un par mois, sans doute, Monsieur le Maire m’a coupé
Drevet, histoire de la ramener.
- Ils n’en ont pas marre, les intellos de revoir toujours les
mêmes vieilleries ? A demandé Berton en s’adressant à Drevet.
- C’est le problème des gens de gauche, monsieur le Maire,
ils ont toujours peur qu’un détail leur échappe. Alors ils reviennent,
ils reviennent…
A ce moment est arrivé l’obèse qui gère les problèmes d’hygiène
et de santé à la Mairie (J’ai oublié son nom) Berton l’a accueilli.
- Ouais ! Bien. Salut… assieds-toi, je t’attendais.
Le Maire tutoyait le nouveau et par moments il parlait de luimême
(le maire) à la troisième personne, sans surveiller son langage,
un peu comme on parle à sa femme quand on est seul. J’étais étonné.
- Avant d’évoquer les problèmes qui risquent
éventuellement de te concerner, machin, (il y a vraiment des noms
que je n’arrive pas à retenir) finissons d’évoquer le contexte de cette
histoire à la mords moi le noeud. Putain de mois d’août ! Les cadres
sont en vacances et le Maire doit gérer les problèmes avec les
incompétents. Le Maire ne dit pas ça pour vous messieurs mais
qu’est-ce que la Meurant fiche à Solutré ! Ça serait quand même à
elle de démerder cette affaire. Un cinéma d’Art et d’Essai ! Qu’estce
qu’une ville comme la notre a à foutre d’un cinéma d’Art et
d’Essai ?
J’étais un peu d’accord avec le Maire car ça fait longtemps
qu’on essayait plus grand chose. J’allais abonder dans son sens, par
bonheur, Drevet a encore répondu à ma place.
- Héritage empoisonné des soces, mais aussi affaire
d’image, monsieur le Maire ! Une ville de quarante mille habitants
ne peut se passer d’un cinéma d’Art et d’Essai. Du fait même que sa
fréquentation est constituée pour l’essentiel par des gens qui nous
sont politiquement hostiles, à l’image du culturel s’ajoute l’image
d’une ville d’ouverture et de tolérance.
J’ai trouvé son explication très convaincante et j’ai changé
d’avis. C’est bien d’avoir ce cinéma d’Art et d’Essai chez nous. Ça
vaut le coup de s’y ennuyer trois fois sur quatre. Histoire d’image !
J’aurais aimé ajouter qu’en plus, ça donnait du travail à ces
deux tarés qu’étaient Momo et la frangine, que ça me permettait
personnellement de participer à la vie culturelle de la ville en
portant les clefs et les bobines. J’ai vu que Bertin paraissait abattu
et que l’argumentation de Drevet suffisait pour justifier l’existence
d’un cinéma d’instituteurs dans la ville. J’aurais aimé profiter de
l’occasion pour demander si on ne pouvait pas renouveler plus
souvent la cinémathèque mais le Maire qui me regardait d’un air las
m’a invité à raconter les circonstances de l’agression dont j’avais été
victime.
- Comme d’habitude, monsieur le Maire, j’ai ouvert la
porte de sécurité qui donne sur le côté de la salle, j’allais remettre la
bobine du Voleur de Bicyclette à monsieur Bigot qui devait…
- Bigot ?
- Maurice Bigot, dit le grand Momo, monsieur le Maire, a
répondu Drevet pour faire son intéressant.
- Bien, bien, continuez…
J’ai compris qu’il fallait que je raconte mon scénario d’un coup,
très vite si je voulais en finir avec cette histoire sans être interrompu
à nouveau.
- J’allais reprendre la Strada qui était en programmation la
semaine précédente quand la Louisette m’a fait une prise dans le
dos en me soulevant du sol pendant que Momo m’arrachait la Clef
des mains. La grosse m’a tiré à l’extérieur et m’a plaqué au sol, le
nez contre le trottoir. Quand je me suis relevé, tuméfié et à demi
groggy, la porte du cinéma était fermée. Elle s’est ouverte à
nouveau, à peine une demi-seconde. Une main m’a balancé la bobine
du Voleur de Bicyclette sur la figure, la coupure que vous voyez-là
sur ma joue monsieur le Maire, puis la porte s’est refermée et j’ai
entendu Momo qui hurlait qu’il n’en avait rien à foutre du Voleur
de Bicyclette et que pour lui un seul film comptait, qu’il passerait lui
et sa soeur le reste de leurs jours à regarder La Strada en bouffant
des glaces.
- Rien compris ! M’a assuré le Maire en me fixant d’un air
de plus en plus fatigué.
Par bonheur, Drevet qui semblait avoir mieux suivi ma
narration a réussi, à quelques inexactitudes près, à reprendre mon
récit pour en faire saisir le côté dramatique au premier magistrat.
- Et moi que fais-je avec vous ? Qu’ai-je à voir avec cette
embrouille ? Tu peux m’expliquer, Daniel ?
Daniel doit être le prénom du Maire et la question était posée
par son ami, Machin, des affaires sanitaires.
- Patience, tu vas comprendre… Dites-moi, Drevet, que les
doux dingues de l’éducation nationale éprouvent le besoin de revoir
deux ou trois fois le même film, pour, comme vous le dîtes, en saisir
les dernières subtilités, je veux bien. Le Maire aime du reste autant
les savoir au cinéma qu’en manifestation mais votre Momo, il…
Et là, j’ai compris où Berton voulait en venir, je me suis payé le
luxe après un savant calcul mental de l’interrompre à mon tour.
- Maurice Bigot projète La Strada depuis 18 ans à raison de
6 fois par an monsieur le Maire, il a donc eu l’occasion de la voir…
108 fois.
- Ouais, bien, c’est ce que je pensais ! …
Il ne nous a pas détaillé ce qu’il pensait mais l’esprit de synthèse
dont il a fait la démonstration à la suite, m’a fait comprendre que
n’importe qui ne peut pas être Député-Maire d’une ville de
quarante mille habitants. Un grand homme, Daniel Berton !
- Résumons messieurs ! A résumé Daniel Berton...
1/ Victime de la chaleur et d’un excès de culture, un illuminé
s’enferme dans une salle de cinéma de province pour projeter à
l’usage exclusif de lui et de sa soeur, un film vu 108 fois dans les
années précédentes. Question, messieurs : image des acteurs
culturels de la ville et par conséquent image de la ville et de son
Maire ? Bon, on sait ce qu’ils disent de nous à Lyon…
2/ Dans quelques jours, la presse nationale qui aura épuisé
jusqu’au trognon les sujets, guerre au Liban, canicule et dopage sur
le Tour, va se ruer sur tout ce qui bouge en attendant mieux. Si on
reprend le cinéma par la force publique, ils seront là. Si on laisse les
deux abrutis crever de faim dans leur merde, ils seront là. Passer pour des cons jusqu’à Lyon, passe encore mais si on pouvait s’éviter Paris… D’où ta présence, mon vieux : évaluation sanitaire de la
situation ? De combien de temps disposons-nous avant dégâts
collatéraux ? Est-ce qu’il y a des chiottes dans ce cinéma au moins ?
Machin-sanitaire avait l’air abasourdi. De toute sa carrière il ne
semblait avoir été confronté à une telle situation. L’angle
pragmatique sous lequel le Maire avait abordé la question semblait
également avoir désarçonné Drevet qui avait perdu ses repères. Je
me flatte d’avoir apporté les premiers éléments de réponse.
- Monsieur le Maire, sur le plan des sanitaires au moins, je
peux vous rassurer. Il y a dans la salle du REX un WC dames et un
WC messieurs, tenus bien propres. Un petit lavabo avec un portesavon
et…
- Bien, bien, ils peuvent donc continuer à chier et à se
laver… Ils peuvent tenir combien de temps sans bouffer… dis, tu
t’impliques, toi ?
Machin-sanitaire a sursauté sur son siège et comme je
commençais à me sentir plus à l’aise, j’ai encore ramené mon savoir.
- Leur reste 286 glaces, de quoi tenir un siège, monsieur le
Maire. Souhaitez-vous le détail entre les cornets, les esquimaux,
les…
- Vous savez-ça comment, vous ? M’a demandé le maire, un
tantinet plus respectueux dans le ton.
- Je suis chargé de l’inventaire des glaces. A chaque séance,
je réalise un état des stocks restants, j’encaisse les vendus et je
ramène l’argent à la Mairie en même temps que les clefs. Il restait
286 glaces hier soir, disons 270 ce matin.
- Avec ça, doivent pouvoir tenir trois jours… A estimé
Machin-sanitaire qui avait enfin compris qu’il devait justifier son
salaire de cadre municipal.
C’était mal connaître les capacités de la Louisette. Moi
j’évaluais à deux jours.
Le Maire est resté silencieux et pensif quelques secondes.
Comme il avait réalisé que j’étais le seul compétent de la cellule de
crise, il ne s’est plus adressé qu’à moi.
- Je ne vous ai pas demandé votre nom…
- Bernard, monsieur le Maire. (J’ai donné mon prénom, j’ai
eu peur qu’il me demande aussi mon nom)
- Monsieur Bernard, nous avons donc trois jours devant
nous pour régler la situation avant que…
- Laissez-moi carte blanche monsieur le Maire, dans deux
jours tout sera réglé dans la discrétion pour le plus grand profit de
l’image de la ville.
Il m’a fait confiance et le soir même je frappais trois coups très
forts à la porte de service du REX. Momo m’a ouvert et Louisette
s’est jetée dans mes bras. Elle sentait un peu le rance. Elle s’est
excusée de m’avoir blessé à la joue en me jetant la bobine de film. Je
lui ai dit qu’elle avait bien joué, qu’au cinéma aussi, les acteurs se
blessent parfois en faisant semblant.
C’est formidable une famille de triplés qui s’entendent bien
entre eux ! Pendant deux jours on a regardé dix-huit fois La Strada.
Le frangin et la frangine, ils ne sont pas tout à fait finis mais je les
aime bien quand même.
Bernard Bigot (B.B)
(Brigitte pour les intimes)
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